Sympathie pour le diable.
De Paul M. Marchand.
Paul Marchand a passé huit ans à Beyrouth et à Sarajevo comme correspondant de guerre pour le compte de la radio de la Société Radio-Canada. Sont-ce les événements dont il a été témoin qui l'ont rendu morbide ou avait-il des prédispositions à respirer les effluves de chair humaine en décomposition? Un très étrange récit qui relate la mort au quotidien en proclamant les horreurs de la guerre comme la création d'un opéra ou d'un ballet engageant tout un peuple dans ce nationalisme de la nécessité qui unit les individus dans la violence. Il s'agit surtout de chroniques qui décrivent avec minutie la putréfaction des corps, et de l'examen d'une consience journalistique maladive qui pousse le "professionnalisme" au-delà du regard dit indiscret des caméras.
Ce récit est d'une mbiance réellement lugubre. Et le mot "réellement" augmente le malaise que laisse parfois certains passage. Car ici, les morts ne sont imaginaires et le sang à réellement été coulé.
La guerre comme vous ne la verrez jamais à la télé.
Un petit extrait.
" J'aime les morgues des pays en guerre. Leur humilité, leur modestie. Les corps qui balafrent les carrelages sales , gluants, poisseux sont enfin débarrassées des tyrannies de l'avenir. Ces gueules cassées , déchirées ne sont plus harcelées par la vie. Morts trop vite, ce sont des fugitifs, des déserteurs. Ils n'ont plus à endurer la souffrance. Résidus sans fierté, ls n'appartiennent plus à l'immédiat tapageur et tenace de la guerre.
Etalage de lambeaux , de membres, de têtes , de tas de bouillie rougeâtre, tout cela en désaccord.Anarchie des corps broyés, disloqués, épars. Des ventres qui vomissent leurs tripes, des troncs sans jambes ou sans bras, ou un bras sans mains, une jambe sans pied, des têtes fendues, écrabouillées, la matière cervicale qui dégouile. Des os brisés , blancs et rouges qui sortent d'une cuisse béante. Et toujours l'odeur."
" Depuis dix ans, j'ai trop vu, trop senti, trop admis et pas assez haï. Depuis, je glisse vers l'obscurité et la réclusion. Entre l'obéissance à la vie et la démence des souvenirs, je suis vieux de plusieurs morts. Mes victoires sur moi-même débouchent sur le vide."
Pour terminer, le titre vien d'une célèbre chanson des Rolling Stone: Sympathie for the devil, que l'auteur du roman à l'air d'aimer car il dit qu'il l'écoutait quand il errait dans le cimetière au lion.